Interviews cultes à découvir!

Qui ne connait pas la chanteuse Yelle? Mais avouez que Yelle en pute pour son premier rôle au cinéma c'est moins commun...dans Une Pute et un Poussin, elle nous montre qu'elle a du talent à revendre! 

Place à Julie Vard'Art!

L'expressionisme allemand

   De 1918 à 1933, l'expressionnisme allemand fait la part belle à l'horreur gothique!

Alors que l'Allemagne se remet difficilement de la défaite de la Première Guerre mondiale, son industrie cinématographique a du mal à rivaliser avec les productions luxueuses et extravagantes d'Hollywood. Les réalisateurs des studios allemands financés par les magnats de l'UFA (Universum Film Aktiengesellschaft)  utilisent alors le potentiel cinématogaphique des éclairages et des décors pour apporter aux films une profondeur expressive. Les premiers films expressionnistes, en particulier Le Cabinet du docteur Caligari  de Robert Wiene (1919), Le Golem  de Paul Wegener (1920), Nosferatu le vampire de F. W. Murnau (1922), Docteur Mabuse le joueur de Fritz Lang (1922) et Le Cabinet des figures de cire de Paul Leni (1924) sont des récits filmés hautement symboliques s'approchant du surréalisme.



Dans cette allemagne pré-hitlérienne, l'expressionnisme apparait alors comme une métaphore déformée des dispositions psychologiques profondes qui prédominent dans le pays, tant ses films dépeignent un trouble désordre qui paraissent appeler un monstre fatal! Les réalisateurs comme Murnau, Robert Wiene, ou bien encore Lang mettent leur vision subjective du monde au service d'une esthétique qui désarticule la perspective, les éclairages, les formes, les architectures afin de mieux peindre l'horreur, le fantastique et le crime! L 'emploi expressif de la lumière devient alors la marque de fabrique de ce courant cinématographique! Et jamais plus on ne vit depuis lumière si obscure peindre l'horreur de cette manière saisisssante! Dans NOSFERATU les jeux de lumière qui oscillent entre clairs et obscurs sont aussi effrayants que le vampire lui-même tant ils excellent à dépeindre les sentiments bouleversants de Thomas Hunter.

"Les films doivent devenir des dessins rendus vivants" proclame Herman Warm, qui travaille sur le décor du Cabinet du Docteur Caligari!" Le fantastique caligaresque" tient d'ailleurs pour partie à l' emploi de toiles peintes, et au jeu stylisé des acteurs qui se rapprochent de celui de la pantomime, avec leur pose contorsionnée, leur costume extravagant et leur maquillage outrancier. L'absence de dialogues et de couleurs aidants, le spectateur a presque l'impression d'assister au déroulement d'un story board déformé!

Les films écrivent-ils l'histoire pourrait-on alors s'écrier, à l'image du critique Siegried Kracauer qui décèle dans les oeuvres de cette époque les motivations du peuple allemand à accepter le nazisme! En effet des films comme Le Montreur d'Ombres d'Arthur Robinson (1922) ou bien Le Cabinet de figures de cire de Paul Leni (1924) révélent un désarroi de la conscience collective, une faillite des valeurs traditionnelles, qui coincident bien avec le tableau psychologique d'un peuple humilié par la défaite et en proie à un bouleversement social (fin de l'empire et proclamation de la République de Weimar).

Pour conclure, le film noir et le film d'horreur ont été particulièrement influencé par l'expressionnisme allemand. Cette évolution n'échappe pas à Hollywood qui s'inspira ensuite du style et de l'atmosphère des films de monstres pour réaliser quelques- uns des films de genre les plus marquants de l'histoire du cinéma!

Catherine Habib journaliste cinéma