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Le néoréalisme italien

    Le néoréalisme (en italien : neorealismo) est le nom du mouvement cinématographique qui fait son apparition en Italie au cours de la Seconde Guerre mondiale, en opposition à l'insouciance et la légèreté qui caractérise la période dite des «Téléphones blancs» .

L'appellation de ce courant est due à la présence quasi-récurrente de téléphones blancs dans au moins une scène des films en question. Le thème de ces films est le plus souvent une romance à l'eau de rose avec des intrigues qui se nouent et se dénouent au... téléphone.), il couvre la période allant de 1943 à 1955.

 

Comme souvent, l'éclosion de ce mouvement est inséparable de son contexte historique. Avec la chute du régime de Mussolini, bien que l'époque fasciste ait jeté les bases d'une puissante industrie (création des studios de Cinecitta...), les cinéastes peuvent enfin aborder les problèmes concrets qui affectent leur pays, à travers des oeuvres fortement novatrices.

4 auteurs dominent ce que le critique de cinéma André Bazin a appelé "l'école italienne de la libération": Roberto Rosselini, qui avec sa trilogie de la guerre - Rome VIlle Ouverte, Paisa, Allemagne Année Zéro- décrit une italie qui se dresse contre l'oppression faschi-naziste, et met en scène une Allemagne qui sombre dans le désastre suite à la chute du IIIe Reich;  Vittorio de Sica associé au scénariste Zavatti dresse le portrait de l'Italie d'après-guerre avec sa délinquance juvénile, ses chômeurs, ses retraités faméliques à travers Sciusia, Le voleur de bicyclette, Miracle à Milan et Umberto D; renouant avec la tradition de Verga et des auteurs siciliens, Luchino Visconti est attentif à la misère des hommes avec LA TERRE TREMBLE et montre leur volonté de changer le monde au terme d'une prise de conscience collective;  Guiseppe de Santis enfin décrit avec Chasses tragiques, Riz amer, Paques sanglantes, Onze heures sonnaient, un milieu populaire dont il percoit à la fois les revendications en même temps que la soumission à l'idéologie dominante.

La principale caractéristique de ce courant est de présenter le quotidien en l'état, en adoptant une position entre scénario, réalité et documentaire et en se servant souvent de gens de la rue à la place d'acteurs professionnels, en quelque sorte en romançant la « vraie vie ». La pénurie de moyens pour les films, l'indisponibilité par manque de finances des plateaux de tournage après 1944 contraignent de tourner dans la rue : cela devient une sorte de code stylistique du néorealisme qui va puiser dans ces apparentes contraintes une incontestable qualité de vérité. 

Les autres caractéristiques du néoréalisme sont d'une part, le déplacement du regard du réalisateur porté sur l'individu vers la collectivité (l'individu ne peut exister sans son contexte social), d'autre part une prédilection pour la narration (on préfère raconter une situation plutôt que de mettre en scène une longue explication) et enfin, la prééminence de l'analyse lucide des scènes douloureuses et de la critique ouverte de l'autorité en place.

Les intellectuels estiment alors qu'il est de leur responsabilité historique de se faire les porte-voix du peuple et de ses besoins. Ils choisissent d'adopter un langage simple et direct, souvent calqué sur la langue de tous les jours.Les thèmes les plus fréquents des œuvres néoréalistes sont la lutte des partisans, les revendications ouvrières et les révoltes des citadins.

Bien que le néoréalisme puisse apparaitre comme un courant cinématographique homogène, l'évolution ultérieure des scénaristes et des metteurs en scène de cette époque montre cependant que le sens de la réalité était chargé de significations diverses d'un artiste à l'autre. Rien  de commun en effet entre le formalisme de Visconti, l'humanisme de De Sica, le spiritualisme de Rosselini et le matérialisme dialectique de De Santis.

Malgré les apparences, on peut également questionner le caractère d'improvisation des oeuvres propres à cette époque: la réalité n'est jamais présente de façon brute, elle est la retranscription subjective d'un cinéaste qui trouve dans l'expérience de la rue un écho de ses conceptions sur le rôle du cinéma dans l'évolution socio-politique d'une société.

Au début des années 1950,  le néoréalisme se mue en en méodrame et en comédie après avoir accompli ses fonctions: ramener les cinéastes au contact de la réalité après l'irréalité et l'intemporalité qui caractérisaient les agissements de la période fasciste. Il est un passage obligé pour comprendre l'histoire du cinéma italien des années 50 à nos jours, et on ne comprendrait rien à l'épanouissement du cinéma italien du début des années 60 (les frères Taviani, Pasolini, Bertolucci, Bellochio) sans l'expérience de ce mouvement.

Catherine Habib Journaliste cinéma