On entend souvent parler de l'âge d'or du cinéma hollywoodien! Mais à quoi cette expression fait-elle exactement référence?

D'un point de vue chronologique, cette expression fait d'abord référence à une époque qui s'étend des années 30 jusqu'au début des années 60. Le cinéma parlant succède alors au cinéma muet, et à la crise financière de 1929 . Dopé par une créativité sans limite, l'industrie hollywoodienne témoigne d'une curiosité et d'un éclectisme dont la production de films tire toute sa vitalité. Les films américains occupent 70% des écrans mondiaux. La Warner Bros réalise ainsi une succession de films sociaux et policiers qui sont autant de reflets d'une Amérique en crise. Bien plus qu'une rassurante usine à rêves, hollywood semble se remettre perpétuellement en question, alors même que la maitrise artistique de sa production éclate dans la série des Tarzan ou de films comme la Reine Christine de Rouben Mamoulian, le roman de Marguerite Gautier de George Cukor ou Young Mr Lincoln de John Ford qui décrit la vie d'Abraham Lincoln avant son élection à la présidence. De même les années 40 témoigne d'une diversité que ne possède alors aucun autre cinéma du monde, Hollywood passant  de l'histoire (Autant en emporte le vent)au rêve (Le magicien d'Oz), du drame social (les raisins de la colère) au film de pirates (l'aigle des mers avec Errol Flynn), du romanesque (la valse dans l'ombre) à la comédie (Ninotchka). L'utilisation du cinéma en couleurs se généralisant, le spectateur découvre aussi le dessin animée avec les Studios Walt Disney ( Bambi), et le génie de Tex Avery .Les statistiques révèlent qu'en 1937 plus de 280000 personnes travaillent pour l'industrie cinématographique hollywoodienne et que les majors ont sous contrat plus de 174 réalisateurs et 357 scénaristes.

Mais cet âge d'or est aussi celui des majors! Chaque studio des grandes compagnies est en effet une véritable ville dotée de tous les departments nécessaires à la fabrication d'un film, des costumes à la peinture, de l'armurerie au laboratoire. Venus de Hongrie ou de Russie, d'Allemagne ou tout simplement des états-unis, les grands patrons qui dirigent ces compagnies sont de véritables empereurs. Le miracle hollywoodien est né de cette réunion, au sein des grandes compagnies, de créateurs exceptionnels. Contrairement au Hollywood d'aujourd'hui dont chaque réalisateur se veut auteur complet, les cinéastes d'hier manifestaient une confondante humilité et un sens passionné du travail d'équipe. Jusqu'au dernier moment, celui de sa sortie générale, aucun film n'était considéré comme terminé.  Et Irving Thalberg se plaisait à dire "qu'un bon film est un film refait"! Le montage lui-même était remanié à la suite des prewiews.

Cet âge d'or du cinéma américain est décidément inséparable de son contexte historique puisque les victimes du nazisme apportent à l'industrie américaine un sang neuf: Fritz Lang, comme Douglas Sirk et tant d'autres vont contribuer au renom de l'esprit hollywoodien. La seconde guerre mondiale elle-même ne ralentira pas l'explosion créatrice de hollywood. les oeuvres fortes se succèdent, tandis que le hollywood de l'après-guerre suscite une nouvelle génération de cinéates. Hollywood est alors une nouvelle fois à son apogée! C'est alors que la commission des activités anti-américaines et le sénateur Joseph McCarthy s'abattent sur l'industrie cinématographique américaine. Le -divorcement- c'est ainsi que fut nommé l'application de la loi anti-trust à l'industrice cinématographique- mit en morceau une machine dont il est difficile aujourd'hui d'imaginer les dimensions.

Catherine Habib Journaliste cinéma