Interviews cultes à découvir!

Qui ne connait pas la chanteuse Yelle? Mais avouez que Yelle en pute pour son premier rôle au cinéma c'est moins commun...dans Une Pute et un Poussin, elle nous montre qu'elle a du talent à revendre! 

Place à Julie Vard'Art!

La Nouvelle Vague

   "A nouveau régime  nouveau cinéma" disait Claude Chabrol ! En effet, L'Art qu'il s'en soucie ou non, n'échappe pas à l'Histoire! Si à la charnière des années cinquante et soixante le cinéma évolue un peu partout dans le monde, c'est bien sûr que le monde change!                                                                       

Ainsi de l'Europe en passant par les Etats-Unis, l'Amérique du Sud-avec le Brésil-, l'Asie jusqu'aux pays socialistes, une vague de revendications s'emparent des cinéastes du monde entier dans un élan quasi simultané! Paradoxalement, de toutes les nouvelles vagues, la française apparait la plus détachée de son contexte politique et social (font cependant exception quelques cinéastes tels que Alain Resnais, Chris Marker, et Jean-Luc Godard). Sa volonté de changement, étroitement circonscrite aux limites du cinéma, est moins à rattacher à la dialectique historique du moment qu'au plus traditionnel conflit des générations!

Mais qu'est ce qui réunit des cinéastes aussi dissemblables que Claude Chabrol, Jean-Luc Godart, Eric Rohmer, Agnès Varda, ou encore Louis Malle -pour ne citer arbitrairement que quelques noms- dans un même mouvement? D'abord l'ambition autoproclamée de pratiquer un cinéma d'auteur! Filmer doit être une manière personnelle de voir le monde, de se voir dans le monde, de le regarder pour s'y voir et s'y éprouver, et non plus de raconter une histoire déjà écrite ou déjà racontée de multiples fois. Autant que le Nouveau Roman, le film a le droit de se vouloir autobiographique, d'exprimer de l'intérieur une vision du monde. Ni artisan, ni fabricant, mais auteur, le cinéaste croit en ce qu'il fait, et respecte le public pour lequel il le fait. Le cinéma de scénariste doit faire place au cinéma de cinéaste.

En 1959, Alain Resnais tourne Hiroshima mon amour. Ce film révolutionnaire par sa structure narrative , qui apprivoise les codes du nouveau roman et se prévaut du concours de Marguerite Dumas, donne à voir pour la 1ère fois à l'écran le principe de la déconstruction. La narration subsiste mais elle s'allège des servitudes spatio-temporelles, des continuités dramatiques qui caractérisent le naturalisme plutôt minutieux du cinéma d'antan.

Plusieurs autres traits caractérisent la Nouvelle vague française: d'abord la liberté de ton, le franc-parler, un discours coloré d'humour , émaillés de bons mots, de plaisanteries , de calembours, de réminiscence, de pastiches en forme d'hommage qui viennent s'opposer au langage plus posé du cinéma traditionnel. Libres, décontractés, les dialogues cherchent le naturel dans un français parlé qui n'exclut pas l'allusion poétique et le commentaire littéraire en voix off!

Ensuite la manière dont la sexualité est abordée! En 1956, avec Dieu créa la femme, Roger Vadim démantèle tous les codes de la moralité bourgeoise! Le mythe de Brigitte Bardot fait souffler un vent d'érostisme. A travers le personnage de B.B, Christian Vadim met à mal les stéréotypes amoureux, ainsi que le tabou de la virginité.

Sa plus grande liberté néanmoins la Nouvelle Vague l'affirme sur le plan de l'écriture! Découpage, tournage, interprétation, montage, tout devra susciter le sentiment d'improvisation. Que le film ait la spontanéité, le surgissement, les ruptures imprévisibles de la vie.

Libre elle aussi la caméra évolue à sa guise, tenue à la main, tremblante, chaloupée si nécessaire, indifférente au soleil dans l'objectif. L'éclairage est homogène, général, il doit permettre à l'acteur d'occuper n'importe quelle place dans le champs. C'est donc bien de réalisme esthétique qu'il convient de parler au sujet de l'écriture nouvelle vague. Elle veut la plus grande proximité, la plus grande complicité avec le spectateur; A cet effet, elle use d'adresses au public (Pierrot le Fou, A bout de souffle), conjugue les méthodes de la "vie à l'improviste" avec la direction d'acteurs, n'efface pas de ses films les traces du tournage, ne cache pas les réactions des passants curieux lors des prises de vues. Au montage, le cinéaste reprend tous ses droits sur sa création. "La bande-son pouvait ainsi gouverner l'image et non plus le suivre" se félicite Alain Resnais.

Au delà de cette nouvelle méthodologie, la Nouvelle Vague, tournant à moindre frais , débloque durablement l'accès à la profession. Sortir 4 premiers films en 1 peu plus de an comme Claude Chabrol reste certes une performance inégalée, mais entre 1963 et 1969, une quinzaine de nouveaux cinéastes peuvent percer chaque année.

Catherine Habib Journaliste cinéma