Interviews cultes à découvir!

Qui ne connait pas la chanteuse Yelle? Mais avouez que Yelle en pute pour son premier rôle au cinéma c'est moins commun...dans Une Pute et un Poussin, elle nous montre qu'elle a du talent à revendre! 

Place à Julie Vard'Art!

La nouvelle vague australienne

   Le  cinéma fait son apparition en Australie en 1896. Le film THE STORY OF THE KELLY GANG,  réalisé en 1906 par Charles Tait, est souvent  considéré comme étant le   premier film australien.

En 1911, RAYMOND LONGFORD (1878-1952) fait ses débuts en   tant que réalisateur  avec THE FATAL WEDDING . Rapidement, il s'impose comme le maître  du cinéma muet australien. Les  années 1920 sont plus difficiles pour Longford qui doit faire   face à  des problèmes financiers afin de réaliser ses films. Avec sa    complice Lottie Lyell, il crée en 1922 la Longford-Lyell Australian Motion Picture Productions. Grâce à cette société de production,  il réalise de nombreux films sur plusieurs années.

Beaumont  Smith et Charles  Chauvel sont quelqu'uns des grands maitres du cinéma australien qui précèdent la seconde guerre mondiale. JEDDA de Charles Chauvel, réalisé en 1955, est un film important dans l'histoire du   cinéma  australien. En plus d'être le premier film australien en   couleur, JEDDA aborde ouvertement la question aborigène.

La  seconde guerre mondiale porte préjudice à la production de films    australiens. Seuls le genre documentaire subsiste. Après  guerre, la production australienne va mal et les capitaux   étrangers  (surtout britanniques et américains) affluent en Australie.   Ainsi,  de nombreux réalisateurs étrangers viennent en Australie pour y    réaliser des films. C'est le cas de Lewis Milestone qui réalise KANGAROO (1952) et MELBA.

Les  années 1970 marquent un tournant dans la production. En effet, c'est à cette période que    l'Australian Film Development Corporation, devenu en 1975  l'Australian   Film Commission, est crée dans le but de promouvoir la  création   cinématographique australienne et préserver son  patrimoine filmique.   Concrètement, il apporte une aide financière  aux productions   cinématographiques et télévisuelles.

 

Afin  de former des professionnels de la télévision et du cinéma, la Australian Film and TV school est fondée  en 1973. Située à Sydney, elle  forme les plus grands artistes  australiens : Gillian Armstrong (My Brilliant Career, Oscar et  Lucinda, Charlotte Gray), Phillip Noyce (Bone Collector, Le Chemin de  la liberté, Au nom de la liberté, Salt), Chris Noonan, Jane Campion  (La leçon de piano, Bright star), Alex Proyas (The Crow, Dark city,  I, Robot), Rolf de Heer (Ten canoes, The tracker, Bad Boy Buddy),  Rowan Woods (The Boys, Little Fish), Mario Andreacchio (Fair Game,  Napoleon, The Dreaming) et Ivan Sen (Toomelah, Fire Talker).

Ces  structures accompagnées par la création de diverses sociétés de    production comme

la South Australian Film Corporation, New South  Wales   Film Corporation, Tasmanian Film Corporation et par l'air du  temps   propre aux années 1970 permettent la naissance de ce que l'on  appelera  la Nouvelle Vague Australienne.

Cette  nouvelle vague est composée de deux types de cinémas radicalement  différents : un cinéma d'auteur - Fred Schepisi (né en 1939), Peter Weir (né en 1944), Gilles Armstrong (né en 1950) qui racontent des histoires typiquement australiennes riches d'intégrité artistique et de grâce tranquille - et l'ozploitation, florissante industrie des séries B qui propose un défilé de comédies sexuelles crues, faites de braquages violents et d’ horreur inventive.

Les premiers succès furent des comédies "ocker", peinture de la vie de banlieue et de la frustration sexuelle née d'une nouvelle liberté culturelle, qui glorifiaient les idées de culture et de masculinité australiennes.

Il est intéressant de remarquer que le plus grand cinéaste de la période, Peter Weir, a commencé sa carrière par un film qui ne se rattachait ni aux séries B, ni au cinéma d’auteur: LES VOITURES QUI ONT MANGE PARIS (1974) est un film d'exploitation - mais sans scène de sexe ni violence sanglante- influencé par le cinéma d'art et d'essai européen. En revanche, son film suivant, PIQUE-NIQUE A HANGING ROCK (1975) illustre tout ce qui fait la qualité du cinéma australien: paysages à couper le souffle, décors historiques recréés dans le moindre détail, calme et beauté mêlés au sentiment d'une vague appréhension. Le film met en avant et questionne plusieurs aspects de la culture australienne, en particulier l'influence toujours puissante de l'Angleterre, la dépendance implicite d'un système de classe et une culture aborigène foulée aux pieds par le colonialisme.

En écho à PIQUE-NIQUE A HANGING ROCK, les cinéastes de prestige australiens explorent en profondeur les divers aspects du passé du pays. LE CHANT DE JIMMIE BLACKSMITH (1978) de Fred Schepisi évoque la brutale sauvagerie de la naissance du pays et représente les forces de la progression coloniale sous l'aspect de bandits meurtriers menant une guerre de domination et déchirant la population aborigène au passage. MA BRILLANTE CARRIERE (1979) de Gillian ARMSTRONG et GALLIPOLI de Peter Weir s'intéressent aux efforts du pays pour survivre au déclin de l'empire britannique.

L'industrie de la série B trouve également ses marques: le film de bikers STONE (1974) reprend le modèle des épopées rebelles motocyclistes du producteur Roger Corman et y ajoute des scènes de sexe explicites, de la violence et un sens aigu de l'identité australienne ouvrant la voie au plus grand succès mondial du pays, MAD MAX (1979). Ce dernier film consacre en même temps une nouvelle star internationale, MEL GIBSON, qui a les allures et le comportement rude d'une icone classique du cinéma, mais avec en plus la dureté et l'instabilité émotionnelle.

Les deux composantes du cinéma australien, Série B et cinéma d'auteur, déclinent au milieu des années 1980 avec l'asséchement des finances de l'état et le départ pour hollywood de Peter Weir et d'autres réalisateurs de renom.

Le paysage cinématographique australien se  compose alors d'un florilège de films dramatiques de taille modeste, d'un afflux régulier de scénaristes, acteurs et réalisateurs talentueux souvent tournés vers Hollywood, ainsi que de succès mondiaux occasionnels comme CROCODILE DUNDEE (1986).

Les années 1990 sont une belle décennie pour le cinéma australien qui va à la fois se diversifier et s'ouvrir au marché international. Ces années offrent quelques excellentes comédies aux accents dramatiques comme MURIEL de P.J Hogan (1994) ou PRISCILLA, folle du désert de Stephen Elliott (1994). Ces deux films ont remportés un franc succès en Australie et dans le monde entier. Ils ont aussi en commun le fait de mettre en scène des personnes exclues par la société. Muriel interprétée par Toni Collette est un vilain petit canard en surpoids, fan de ABBA qui est rejetée par la société, tout comme le sont les drag queens de Priscilla, folle du désert.

Côté comédie, on note aussi l'immense succès de BABE, le cochon devenu berger de Chris Noonan (1995). Adapté deThe Sheep-Pig (1983) de Dick King-Smith, le film australien est nommé sept fois par l'académie des Oscars, ce qui est considérable pour un film non américain.

En 1992, Baz Lurhmann fait son entrée au cinéma avec BALLROOM DANCING; Cette comédie musicale marque le début du renouveau du genre puisque le réalisateur persévérera et signera Roméo + Juliette en 1996 et surtout MOULIN ROUGE! en 2001.

Le cinéma australien des années 1990 est également marqué par le film SHINE de Scott Hicks, sorti en 1996. Le film s'intéresse au pianiste australien David Helfgott, connu pour souffrir de troubles psychiatriques. Shine met en scène Geoffrey Rush dans le rôle principal et c'est une révélation pour l'acteur qui remporte en 1997 l'oscar du meilleur acteur pour un second rôle.

D'origine néerlandaise, Rolf De Heer a contribué aux beaux jours du cinéma australien dans les années 1990 en réalisant BAD BOY BUBBY  (1993), un film qui s'intéresse à certains tabous autour de l'enfance et qui a remporté le prix spécial du jury à la Mostra de Venise 1993, puis LA CHAMBRE TRANQUILLE (1996) et DANCE TO MY SONG (1998) sélectionnés au Festival de Cannes.

Catherine Habib Journaliste cinéma